Le Mariage d'Etienne

Le mariage


Le 28 avril 1919 à Ste Brigitte Etienne Mario  26 ans, caissier de la forge, épouse Marie Françoise Le Tellier 21 ans, fille de Louis Marie Le Tellier, notaire et adjoint au maire. Parmi les témoins : Antoine Racinet médecin à Gouarec et Armand Louis Bourdonnay directeur des forges.
Il lui a fallu plus d’un an pour réaliser son projet.
Le 5 janvier 1818 il écrivait au Comte de Janzé :
« Monsieur, mon  père qui était fondeur ici  me destinait à le remplacer. Mr Bourdonnay en décida autrement et sans doute ce fut son bon plaisir que je me trouvai à remplir ici la fonction de commis à la balance. 5 ans après vous avez généreusement détourné le coup qui a englouti 4 à 500 milles( hommes) dans la neige de la Russie. Et cela sans autre avantage pour vous que celui de faire un heureux. Vous n’avez pas borné là vos bontés pour moi. Je suis actuellement caissier de votre forge des Salles. Voila qui renferme toute mon histoire : je ne suis pas du tout ce que je devais être, et c’est à vous que je dois non seulement la vie, mais encore la vie la plus heureuse. Je ne devrai donc plus avoir rien à vous demander. Cependant, vous pouvez encore ajouter à mon bonheur. Mlle Le Tellier dont vous avez probablement entendu parler a bien voulu répondre à mes vues sur elle, ce avant de tenter d’obtenir le consentement de sa famille duquel je suis loin d’être sur. Je viens demander le vôtre. Ne me le refusez pas, je vous en prie, car si la fortune que doit avoir un jour Mlle Le Tellier semble rendre mon union avec elle assez convenable, j’ai la conscience que ce n’est pas là, tout à fait, ce qui a fait naître mes sentiments pour cette aimable personne, vous pouvez m’en croire : ce n’est pas uniquement dans la richesse que je fais consister le bonheur. »
La démarche est surprenante ! Etienne Mario demande le consentement du Comte avant celle du père de Marie Françoise. Le 19 avril 1819 il peut écrire au Comte : « Monsieur, je m’empresse de vous annoncer que vos démarches pour moi auprès de Mr Le Tellier ont eu un plein succès et je viens vous renouveler mes biens sincères remerciements. »
Demander le consentement du Comte est la règle, elle peut surprendre au XXIème siècle mais demander l’autorisation de se marier à sa hiérarchie est une pratique qui a perduré pour les militaires et les gendarmes jusque dans les années 1960.
Aux forges elle est en partie liée au problème du logement qu’il faudra trouver pour le nouveau couple et bien entendu au contrôle de la moralité de celle qui deviendra peut-être un jour une veuve de forge comme le montrent les deux courriers du Baron de Janzé au régisseur Mario. Il écrit le 4 octobre 1839 :“Je suis bien embarrassé pour vous répondre relativement au mariage du garde Caurel. Est-ce un bon sujet ? La femme qu’il veut épouser est-elle aussi une brave femme ?”. Puis le 18 octobre :“Il faut bien accorder la permission de se marier au garde Caurel mais bien lui dire aussi, que si par la suite il ne se trouve pas à l’aise il n’aura qu’à s’en prendre à lui-même. »
Le 25 novembre un double mariage a lieu à Ste Brigitte Guillaume Caurel épouse Marie Josèphe Pensivy, sa soeur Françoise épouse le charbonnier Sylvestre Aupied. Un des témoins, Trémeur Laudren, possède une pêcherie sur le Blavet, nous n’avons pas le menu de la noce mais il devait comporter certainement du poisson.
Tout cela manque de poésie mais ces hommes sont pragmatiques. C’est ainsi que Mario devenu régisseur écrit à son collègue Bonnet à Lanouée à propos du nouveau caissier de la forge : « Guesnier a fait un bon mariage sous tous les rapports, sa fiancée n’est pas jolie mais elle est bien dédommagée par ses talents, son esprit, sa bonté et outre la dot de 3000 f et 400 f de revenus il a de grandes espérances, enfin Guesnier a fait une bonne affaire ».

 

Le mariage: la table de la mariée

Le mariage - la table de la mariee

 

Le mariage: le repas

Le mariage: le repas

 

Le mariage: ouverture de la danse

Le mariage - ouverture de la danse

 

Le mariage: l'armoire de la mariée

Le mariage: l'armoire de la mariee