Mines et Mineurs

Mines et mineurs


Le 24 mars 1824 le régisseur Bourdonnay-Duclézio écrit au Comte de Janzé “Le filon de Gouarec est un filon superbe et nous sommes assurés d’une quantité de minerai considérable”.
C’est une très bonne nouvelle, les mineurs n’ont jamais trouvé un filon suffisant pour nourrir le haut-fourneau. Ils travaillent sur des petits filons accessibles en surface ou par des puits souvent inondés en hiver. Malheureusement le filon de Gouarec nécessitera le creusement d’un canal d’exhaure pour évacuer les eaux.
Les mineurs, une vingtaine tout au plus, travaillent sur une dizaine de filons dans un rayon d’une dizaine de kilomètres autour de la forge, exceptées les mines situées autour de Cartravers à plus d’une vingtaine de kilomètres. Ils ne travaillent pas seuls mais souvent par deux ou trois et souvent en famille. Chaque chef de famille « livre » régulièrement sur le terrain sa production à Julien Petithomme le fondeur qui juge de la qualité du minerai, il le classe en « cassis » s’il est directement utilisable ou en « lavage » s’il doit d’abord être lavé dans le lavoir à mine situé près du haut-fourneau. Parfois, s’il pense qu’il n’est pas assez cassé petit, il impose une amende.
Parmi ces mineurs qui habitent tous près de la forge, deux attirent l’attention :
- le 12 mars 1809 nait Marie Françoise Le Floch, elle est  la fille de Guillaume 36 ans tireur de mine à la Lande de Course et de Marie Jeanne Le Cadet 37 ans qui fait la « profession de son mari ». En 1836 elle habite avec sa mère Marie Anne Cadet qui a 64 ans et sa sœur de 19 ans Jeanne Louise au Guénault au dessus des Forges des Salles. Son père est mort quand elle avait 7 ans, ses frères Noël et Mathurin sont mineurs mariés et pères de famille. Elle « livre » cette année là 103 pipes de minerai 58 en « cassis », 45 en « lavage » qui lui rapportent 323 francs et 25 centimes, une pipe fait environ 750 kg. Les deux tiers du minerai ont été extraits de la région de Cartravers où les conditions d’hébergement devaient être assez sommaires, le caissier payait régulièrement de la paille « pour le coucher des mineurs ». Sa sœur l’a sûrement aidé dans cette tâche comme elle a aidé son beau-frère quand Marie Françoise s’est mariée avec Yves Le Coq et est devenue mère de famille. Elle disparait ensuite des archives au profit de son mari.
- au dénombrement de 1836 le village de Kéraudic en Plélauff abrite deux familles de « tireurs de pierre », celle de Julien Le Métayer 40 ans et celle de Julien Mahé 39 ans. Ce dernier est marié à Louise Cailly, ils ont cinq enfants : Marie 14 ans, Alexis 12 ans,  Jean Marie 10 ans, François 7 ans et Suzanne 5 ans. Chose exceptionnelle, l’officier d’état civil qui dénombre la population, aujourd’hui on dirait « recense », note que Marie est « tireuse de pierre ». Une jolie preuve que les enfants de l’époque participaient au travail de leurs parents. Au dénombrement de 1841 Marie est devenue « ménagère ». Sa maman est décédée au mois d’avril et c‘est à elle qu’il revient de s’occuper de ses frères et sœur. Nul doute qu’elle a été remplacée sur le terrain par Alexis et Jean-Marie.
Au fil du XIXème siècle et grâce au canal ouvert en 1841 on essaiera d’utiliser du minerai de Galice plus riche mais plus cher, les mineurs disparurent peu à peu jusqu’à l’extinction du fourneau en 1877.

 

Mineurs, extrait d'encyclopédie

Mineur, extrait d'encyclopedie

Mineurs, extrait d'encyclopedie